Dessiner les contours du « Monde d’après » au congrès de la Mission laïque française
La Mission laïque française a organisé son congrès annuel à Rabat, du 8 au 10 mai 2022. Un congrès anniversaire qui marque les 120 ans d'engagement de l'association au service de l'éducation dans le monde.
120 ans d’engagement au service de l’éducation dans le monde
Tous les ans, la Mission laïque française réunit les acteurs qui font vivre les écoles et les lycées français à l’étranger, des enseignants et représentants d’académies de France, ainsi que les représentants des partenaires institutionnels de la Mission laïque française.
Après deux ans de pandémie, de bouleversements majeurs dans l’organisation de notre système éducatif, la communauté du réseau mlfmonde s’est réunit les 8 au 10 derniers à l’Université Internationale de Rabat, pour évoquer ensemble les nouveaux enjeux qui attendent l’association et ses réseaux d’établissements scolaires à travers le monde.
~ Retour sur le congrès Mlf 2022 ~
Trois jours pour dessiner le monde d’après
Les trois journées du congrès seront articulées autour de trois thèmes :
- Jour #1 : Les (grands) enjeux géopolitiques et éducatifs : La première journée a permis aux congressistes de prendre le recul nécessaire à la compréhension des enjeux géopolitiques du moment : ceux de la France dans le monde, ceux du Maroc, ceux de la France avec le Maroc, pays hôte de l’OSUI et de ce congrès 2022.
Ainsi, Agnès Levallois, maître de recherche, et Farid El Asri, anthropologue et islamologue, ont proposé une réflexion magistrale et de regards croisés sur les défis géopolitiques régionaux du nord et du sud de la Méditerranée.
Par ailleurs, Yves Saint-Geours en tant qu’ancien ambassadeur de France à fait un état des lieux du monde actuel en posant les jalons d’un questionnement pour prendre le recul nécessaire et comprendre les enjeux et défis géopolitiques du monde actuel.
Ce congrès 2022 fut aussi l’occasion de faire une rétrospective des 25 ans de l’OSUI. Premier grand réseau d’établissement, l’OSUI doit faire face à de nouveaux enjeux et à une nouvelle concurrence. Jean-Christophe Deberre, ancien directeur de la Mlf, a proposé une analyse personnelle de son évolution et de ses possibles axes de développement.
Jour #2 : Les (grandes) questions éducatives et pédagogiques : L’enseignement en milieu plurilingue et/ou interculturel nécessite de dépasser certaines constructions culturelles ou identitaires monolingues. Cela implique également de comprendre et de reconnaître les nombreuses dimensions de l’unicité et de l’identité de chaque personne, ainsi que ses contextes social, culturel, de genre, ethnique et territorial. Nous devons construire un travail introspectif sur la période de pandémie que l’on vient de vivre à l’échelle mondiale et ses conséquences sur le monde de l’éducation.
Qu’avons-nous appris au cours de cette période ?
La journée du 9 mai à débuté avec une conférence lumineuse de Jean-Martial Kouamé, sur les évolutions et transformations du français dans l’espace francophone. d’Abijan à Rabat, en passant par Paris et Douala, ces variétés font souvent irruption en milieu scolaire là où elles n’ont a priori pas droit de cité.
Le Français, langue plurielle, se doit de vivre au delà des dictionnaires et doit prendre en compte les prismes culturelles des pays francophones.
Par ailleurs, dans le « monde d’après », quels sont les changements profonds induits par la pandémie, qu’est-ce qui fait socle dans l’accompagnement des élèves ?
La table ronde du 9 mai avec s’est proposée de réunir des parcours professionnels variés et de différents horizons sur la problématique de l’orientation.
Ainsi, en croisant leurs regards, les intervenants ont offerts des perspectives sur les compétences de vie et particulièrement le savoir devenir (soi).
Julie Higounet, responsable du pôle ingénierie de formation à la Mlf a présenté l’écosystème de développement professionnel qui permettra de faire entrer les enseignants dans les compétences du XXIe siècle.
Un écosystème de formations que le réseau mlfmonde développe depuis 2015 avec des universités, des experts, des pairs.
Dans son nouveau contrat social pour l’éducation, l’Unesco engage à renforcer l’éducation comme projet public et comme bien commun de l’humanité. En 2020, au gré des confinements successifs, des milliers d’enseignants, de parents et d’acteurs associatifs ont coopéré, mutualisé des connaissances, élaborer des scénarios d’apprentissage et se sont organisés collectivement par nécessité.
Benjamin Gentils, co-fondateur de La Fabrique des Communs Pédagogiques a fat un état des lieux des modèles de collaboration et d’apprentissage qui ont fait preuve de leur efficience lors de la crise sans précédent de la Covid19.
- Jour #3 : Les (grands) défis organisationnels et de développement par le développement d’actions de coopération éducative, de nouvelles zones géographiques pour l’enseignement français, pour la Mlf.
Des partenariats multiformes, de nouvelles formes de développement et de coopération pour la Mlf et pour l’OSUI. Les partenariats pour construire l’offre de développement professionnel (universités, INSPE, laboratoires de recherche, fondations…).
Une offre de formation ouverte à de nouveaux types d’établissements (en France, aux établissements privés internationaux…).
- L’inscription dans l’environnement local : quels partenariats développer au Maroc pour l’OSUI : quelles relations de collaboration avec les établissements privés marocains ? quel sens donner à un travail en réseau d’établissements en pleine responsabilité et partenaires privés indépendants ? quelle coopération avec des institutions nationales, internationales (exemple de l’UIR) ?
- Les partenariats institutionnels, académiques, internationaux. Quelle relation, quelle coopération ? Quelle relation avec l’Etat français, les Etats des pays d’accueil ? Place de la coopération, position vis-à-vis des souverainetés locales ?
- Les partenaires de l’école : les parents. La pandémie mondiale a mis en évidence la pertinence d’approfondir la compréhension et la confiance mutuelles ainsi que la collaboration entre les principaux intervenants de l’école. Élargir et approfondir les rôles des élèves et des équipes éducatives, mais aussi de responsabiliser les familles en tant que partie prenante qui peuvent à leur tour soutenir l’apprentissage de leurs enfants. L’évaluation des établissements doit devenir un outil pour construire des nouvelles opportunités de coopération entre les partenaires et les directions de nos établissements.
Pascal Sommariba à ainsi évoqué l’importance de définir les marques associatives comme des marques culturelles.
Ces opportunités s’appuieront sur de nouveaux modèles économiques, sur des stratégies et outils marketing adaptées, la définition de nouvelles offres et de nouveaux services en répondant aux nouvelles attentes des usages, des publics …
Jean-Marc Merriaux, directeur général de la Mlf, a enfin conclu le congrès en énonçant les enjeux de développement qu’y attendent la Mlf et ses réseaux : un positionnement percutant, efficace qui permettra à l’association de continuer à écrire son histoire sur le siècle à venir.
Un congrès sans précédent
Le congrès Mlf fut aussi l’occasion d’accueillir les 3e rencontres de la webradio scolaire.
Cette année, c’est une délégation d’élèves venant de 7 établissements du réseau mlfmonde, accompagnée d’élèves de l’académie partenaire de Reims, qui se déplacera pour les troisièmes rencontres internationales de la webradio scolaire.
Des élèves investis qui se sont prêtés au jeu du journalisme et des reportages pendant 3 jours.
Les élèves ayant participé à la Webradio du #CongrèsMlf du 8 au 11 mai 2022 ont souhaité poursuivre l’aventure.
Après les 6 émissions réalisées durant les 3 jours du congrès, ces 15 journalistes en herbe ont produit une émission spéciale depuis leur établissement respectif situé soit en France, au Royaume-Uni, au Maroc, en Espagne, au Liban, en Égypte, ou encore au Bahreïn.
Cette émission marque les liens d’amitié qui se sont noués durant le congrès, mais elle est aussi une preuve de l’engagement des élèves de notre réseau sur les parcours citoyen et culturel.
Ecouter l’émission
Autre nouveauté, trois journalistes de renom ont animé le congrès pendant trois jours. Ainsi, Caroline Hayek, (Ancienne élève du Grand lycée franco-libanais – Mlf – Achrafieh – Beyrouth, journaliste chez l’Orient Le Jour et qui s’est vue attribué le prix Albert Londres, le plus prestigieux du journalisme francophone), Mostapha Mellouk (Président et fondateur de Casablanca Media Partners Group) et Ernest Koua (professeur en linguistique, journaliste et attaché de direction au CDP Abidjan) ont su rythmer les conférences de par leurs analyses percutantes et leur connaissance du monde contemporain.
Illustrer le congrès en direct ? C’est le défi que nous nous sommes lancés pour cette édition spéciale #Mlf120 !
Ainsi, le graphiste et créateur d’expériences, Nicolas Nooga de La Sainte Paire a réalisé des live sketching des moments clés des plénières.
L’émotion était aussi à son comble lors de la prestation des élèves du Lycée français international André-Malraux qui ont ouvert le congrès avec l’hymne des 120 ans.
Projet d’établissement depuis le début de l’année, l’hymne des 120 ans a été écrit par Sabine Venaruzzo, à partir de mots proposés par différents établissements du réseau mlfmonde.
Benjamin Laurent a composé la musique et les arrangements pour les différents instruments.
Deux musiciens professionnels accompagnent également l’hymne, il s’agit de : Zahra Regragui, percussionniste et Hamid Hamid, guitariste.
Un congrès historique qui marquera sans aucun doute notre association !
~ Les interviews du congrès ~
Créer des cadres de coopération pour agir sur des questions d’éducation, c’est le défi que s’est donné Benjamin Gentils, co-fondateur de la Fabrique des communs pédagogiques et intervenant au #CongrèsMlf.
Emmanuelle Le Pichon, directrice du Centre de recherches en éducation franco-ontarienne et linguiste à l’Université de Toronto revient sur l’importance de l’écoute dans les apprentissages.
Alain Bouvier, Recteur, professeur associé à l’université de Sherbrooke et membre du conseil scientifique de la Mlf, revient au #CongrèsMlf, sur les nouveaux défis qui attendent les chefs d’établissement suite à la crise de la #Covid19.
Quel modèle de collaboration entre élèves dans l’École d’après-pandémie ? Sylvain Connac, enseignant-chercheur en Sciences de l’éducation à l’Université Paul-Valéry de Montpellier, revient sur l’importance de donner la possibilité aux élèves d’échanger.
Fondatrice et directrice de DULALA (D’une Langue A L’Autre), Anna Stevanato revient sur l’importance du plurilinguisme dans notre société, de ces enjeux et de ce qui fait qu’il permet de constituer le monde de demain.
Intégrer les recherches autour de l’apprentissage des langues à la formation des enseignants, c’est l’enjeu sur lequel travaille Emmanuelle Canut, professeure des universités en sciences du langage à l’université de Lille. Une interview donnée au #CongrèsMlf à écouter ici
Elève au Lycée International Jean-Charcot à El Jadida, Maroc, Ghali Chaabi a participé aux troisièmes rencontres internationales de la webradio scolaire du #CongrèsMlf. Il nous partage son retour d’expérience.
~ La presse en parle ~
Pour aller plus loin
- Retrouvez les vidéos des conférences de la journée, chaque soir sur la chaîne YouTube de la Mlf et sur le site dédié.
- Découvrir les témoignages du réseau mlfmonde pour les #Mlf120
- Retrouvez les précédents congrès