La Mission laïque française a choisi de relayer ce texte de l'association française des Nations Unies pour s'associer au deuil cruel qui a frappé la famille de Samuel Paty et au-delà de lui, toute la communauté enseignante, de Conflans-Sainte-Honorine, de la France entière, de partout.
Des mots pour Samuel Paty
Le témoignage de l’association française des Nations Unies (AFNU) rappelle que la Déclaration universelle des Droits de l’Homme confie à l’éducation un rôle fondamental parce que tout être humain a celui de naître à sa propre liberté.
Il rappelle que l’éducation reste un risque quand elle insupporte ceux pour qui la liberté de penser par soi-même est précisément l’ennemie à abattre.
Enseigner c’est accompagner les jeunes sur le chemin de l’intelligence des choses, de la compréhension de l’autre, de la relativisation de soi; transmettre, c’est apprendre aux jeunes générations à penser librement; et apprendre, c’est grandir dans la confrontation policée de ses idées et de sa sensibilité avec celles des autres.
Nous ne voulons pas d’un monde où on aurait peur d’enseigner, où apprendre peut être une menace. Pour cela, nous sommes et nous voulons un corps enseignant résolu, solidaire, engagé et fier de la mission que lui confient nos sociétés.
Hommage de l’AFNU
Les membres du Comité Exécutif de l’Association française pour les Nations Unies (AFNU) tiennent à exprimer leur émotion et leur consternation face à l’inexcusable attentat barbare dont a été victime le professeur Samuel PATY pour avoir accompli sa tâche d’éducateur. Ils présentent leurs plus vives condoléances à sa famille et assurent ses collègues et les élèves du Collège du Bois d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine de leur profond soutien.
Ils tiennent à rappeler ces paragraphes et articles de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme qui doit en tout temps et en tous lieux inspirer et guider l’action des Etats, des groupes et des individus :
Considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l’homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l’humanité et que l’avènement d’un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l’homme. Proclame la présente Déclaration universelle des droits de l’Homme comme l’idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations afin que tous les individus et tous les organes de la société, ayant cette Déclaration constamment à l’esprit, s’efforcent, par l’enseignement et l’éducation, de développer les respect des droits et libertés.
Aux termes de l’article premier, « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ».
L’article 18 consacre la liberté de pensée, de conscience et de religion comme celle de changer de religion ou de conviction et l’article 19 reconnait la liberté d’opinion et d’expression.
L’article 26 al.2 affirme en outre que « l’éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l’amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou religieux, ainsi que le développement des activités des Nations Unies pour le maintien de la paix. (…) ».
L’éducation aux droits de l’homme, notamment l’éducation civile, constitue une part essentielle du droit à l’éducation, visant à faire de chacun un citoyen libre et éclairé.
Les États, les groupes et les individus pour qui ces valeurs et principes représentent une menace à leurs régimes oppressifs, à leurs idéologies totalitaires, à leurs croyances non contestables, à leurs certitudes inébranlables, à leurs désirs de domination, souhaitent relativiser ce texte fondateur et contestent son caractère universel. Il a été constaté récemment, et à plusieurs reprises, que le Conseil des Droits de l’Homme et l’Assemblée générale des Nations Unies faisaient l’objet de pressions de la part des gouvernements les plus anti-démocratiques ainsi que du jeu trouble et dangereux de groupes confessionnels qui cherchent à remettre en cause des progrès chèrement acquis au fil du temps.
Pour tous ceux-là, l’enseignement est un risque majeur dès lors qu’il pousse à la réflexion et à l’interrogation plutôt qu’à l’endoctrinement, à la démarche philosophique plutôt qu’à la récitation aveugle d’un crédo, à la liberté de penser et de critiquer plutôt qu’à l’obéissance aveugle, à l’épanouissement de l’individu plutôt qu’à la soumission des groupes aux croyances irrécusables ou indiscutables, sous peine de mort. Pour eux, l’éducation, de surcroît laïque et publique, est un danger et les enseignants par essence des ennemis.
L’Association française pour les Nations Unies (AFNU) se tient fermement aux côtés des enseignants dont la tâche est essentielle pour promouvoir la liberté de pensée et de conscience qui est au fondement même de toute vie démocratique. Elle rappelle que l’UNESCO a justement et logiquement été créée pour marquer l’importance du rôle de l’éducation et de la culture pour promouvoir le respect mutuel et l’esprit de paix entre les nations, les groupes et les peuples. Mais, au-delà, tout le travail des Nations Unies tend à plus de tolérance dans le monde et le Secrétaire général des Nations Unies a souvent appelé, ces derniers mois, à une nécessaire unité entre les peuples.
Association française pour les Nations Unies
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