Cinq années après le déclenchement des révolutions dans le monde arabe, la tentation est forte de porter un jugement réducteur sur leur échec : on serait passé « du printemps arabe à l’hiver islamiste ». Certes, la désillusion est grande devant les tragédies qui n’en finissent pas, de la Libye au Yémen en passant par la Syrie et la Palestine. L’ensemble de la région est au défi de l’islamisme radical et du terrorisme jihadiste. L’État islamique, Al-Qaïda et leurs épigones seront probablement débusqués de leurs fiefs pour peu que se constitue une grande coalition internationale, rassemblant les alliances occidentalo-sunnite et russo-irano-chiite dont la priorité absolue sera l’élimination de ces organisations terroristes.
Même si elles n’ont pas débouché sur des solutions politiques stables, hormis en Tunisie, les révolutions arabes marqueront à terme la fin progressive du modèle monolithique autoritaire. Le mouvement vers plus de démocratie, d’État de droit, de pluralisme et de lutte contre la corruption est inéluctable mais s’inscrira dans le temps long. D’autres chapitres des Printemps arabes sont à écrire. On est loin de la fin de l’histoire.
Yves Aubin de La Messuzière est diplomate. Directeur de la section Afrique du Nord et Moyen-Orient du Quai d’Orsay de 1998 à 2002, il a été ambassadeur au Tchad, en Irak, en Tunisie et en Italie, puis a présidé la mission de préfiguration du musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem). Il est actuellement président d’honneur de la Mission laïque française.
