Mission laïque française

Aménagement de l’espace et travail en ateliers

Lycée français Mlf d'Alexandrie

Les enseignantes de petites sections du lycée français d’Alexandrie ont aménagé leur espace classe pour permettre une modification de leur pédagogie et trouver des solutions. Tout au long de l'année scolaire, elles ont fait vivre des ateliers dans des espaces bien délimités. Les élèves y participaient lors de temps institutionnalisés mais choisissaient leur atelier ainsi que leur temps d'action au sein de ces derniers.

Genèse de l'action

Manque d’espace, frustration des enfants, sur-sollicitation de l’enseignant, gestion difficile du groupe classe, indisponibilité pour un suivi efficace de chaque élève…
Face à ces différentes problématiques, il semblait nécessaire d’envisager une autre façon de faire pour être plus performant.

Objectifs poursuivis

Les enseignantes de petite section ont commencé par lister les besoins des enfants de 3 ans (de repos, de bouger, de découverte et d’autonomie). Il fallait ensuite combiner ces besoins aux objectifs de la petite section.

Déroulement de l'action

Dans ce cadre là, nous avons mis en place plusieurs «espaces » fixes :

  • l’espace regroupement : un espace utilisé lors de différents courts moments dans la journée, afin d’installer un temps collectif (d’apprendre que l’enfant appartient à un groupe de pairs) et d’échanges de groupe (régulation du groupe ou formalisation des apprentissages)
  • l’espace graphisme : la piste graphique est installée en permanence sur le mur. Cette piste est régulièrement renouvelée et aménagée selon l’objectif visé
    Exemple pour l’objectif « contrôler son geste vers le tracé horizontal » : 1-bandes de papier larges positionnées de façon horizontale sur toute la surface de la piste graphique ; 2-idem avec des bandes de papier étroites ; 3- morceaux de cartons ondulés placés dans le sens horizontal de part et d’autre sur la piste graphique ; 4-morceaux de feuilles avec des tracés horizontaux de couleur collés de part et d’autres de la piste graphique
  • l’espace jeux symboliques : il peut s’agir des petites voitures, des poupées et de leurs vêtements, de la cuisine, de la marchande… selon l’objectif visé.
  • l’espace construction : ce peut être les Duplos, les cubes, les puzzles, les formes à clipser, un objet en 3D à construire ou tout autre chose nécessitant de respecter des étapes pour aboutir à une construction finie.
  • l’espace projet / langage : en début d’année, cet espace est surtout consacré à « donner du vocabulaire » à nos élèves non francophones. Ensuite, des projets plus améliorés permettent d’enrichir ce vocabulaire (exemple : création d’un imagier sur les fruits, raconter un nouvel épisode d’un album en randonnée…)
  • l’espace culturel / repos : espace dans lequel on trouve des livres de toutes sortes et des tapis sur lesquels l’enfant peut regarder un livre tranquillement et s’y allonger s’il le désire (parfois y dormir).

A ces espaces fixes s’ajoutent des espaces « temporaires » que la superficie de nos classes nous oblige à faire disparaître lorsque tous les élèves l’ont expérimenté : espace « mathématiques », espace « découverte » (sciences et sensoriel), espace « motricité fine ».

La pédagogie mise en place s’est appuyée sur l’ouvrage Aménager les espaces pour mieux apprendre, à l’école de la bienveillance, édition Retz.
Organisation des apprentissages

L’enseignant choisit les espaces qu’il met en œuvre, les aménage en fonction de ses objectifs et les présente aux élèves (présentation des consignes + annonce de la présence de l’adulte : assistante ou enseignante ou non : certains espaces sont laissés en autonomie).
Pendant ce temps d’apprentissage « libre » : les enfants entrent dans une activité et en sortent à leur guise. L’enseignant possède une LFA Grille d’évaluation générale de son dispositif.
Buts de celle-ci : vérifier la répartition des élèves sur les différents ateliers, présence d’interactions langagières, de quelle qualité ?
Ainsi, l’enseignant peut améliorer la proposition faite aux élèves, poursuivre l’atelier une semaine supplémentaire, ou simplement l’arrêter. Cette grille d’observation peut tout à fait être complétée conjointement avec l’assistante surtout concernant l’espace dont elle a la charge.

Enfin, l’enseignant possède une LFA Grille d’évaluation spécifiquespdf exclusivement sur l’espace qu’il accompagne. De cette manière, il peut faire un bilan individuel immédiat de chaque enfant en fonction des réussites aux objectifs et noter des observations particulières au besoin.

Conditions de réussite de l'action

Les principaux inconvénients :

  • certains enfants ne participent qu’à une seule activité et n’ont pas la curiosité d’expérimenter les autres espaces.
  • nos élèves non-francophones ont tendance à ne parler que dans leur langue maternelle sans utiliser les mots donnés par l’enseignant.

Les principaux avantages :

  • les enfants subissent moins de frustrations puisqu’ils choisissent à quel moment ils font tel ou tel autre apprentissage. Ils acceptent plus facilement de répondre aux sollicitations de l’enseignant pour participer à un atelier précis.
  • l’enseignant n’est pas interrompu par les enfants qui ont « fini » un atelier et lui demande vérification. Il peut donc se concentrer avec les enfants présents dans l’espace avec lui.

La spécificité de la langue de scolarisation de notre établissement nous a amené à aménager les heures de langue en demi-groupe. Cela nous permet de mettre en place des activités spécifiquement orales pour donner un bagage de langue française à nos élèves nécessaire à leur aisance dans le fonctionnement de l’école française. Au cours du 2e trimestre, ils utilisent volontiers le français pour s’exprimer dans les ateliers.

Apports de l'action pour les élèves

En définitive, les enfants sont tous en apprentissage. Ils expérimentent tous les différents espaces. Il n’y a plus de contraintes d’absences d’enfants, puisque le passage a un atelier n’est pas déterminé dans le temps. L’enseignant peut se concentrer sur les apprentissages et les élèves de l’atelier qu’il dirige sans être continuellement arrêté. Enfin, lorsque l’enseignant à accompagner et encadrer les apprentissages dans un atelier celui-ci peut-être maintenu en autonomie pour des réinvestissements.

Apports de l'action pour l'équipe éducative

Après une première impression de « débordement », une fois les élèves habitués au fonctionnement, et l’enseignant à l’aise dans celui-ci, la méthode est facile à utiliser au quotidien et nécessité moins de préparation qu’un cycle d’ateliers par groupe sur la semaine.

Nul nous empêche de prolonger un atelier sur une plus longue période ou de le modifier si tous les élèves sont en réussite avant le « changement institutionnel » des ateliers de chaque début de semaine. Ou encore d’aller plus loin dans la différenciation ou l’individualisation puisque la disponibilité de l’enseignant le permet (chose difficile à mettre en place avec la présence de tout le groupe classe dans un fonctionnement plus classique).

Il a été envisagé d’élargir cette méthode à d’autres niveaux de maternelle.

Témoignages des acteurs du projet

« Au départ, c’est difficile, les enfants vont dans tous les sens, et moi je restais collée à ma grille d’observation. Mais au fur et à mesure, on prend du recul, les enfants se répartissent d’eux-mêmes dans les espaces et sont mieux concentrés », une enseignante de petite section.