Mission laïque française

Claire Brisset à Alicante : connaître et transmettre les droits de l’enfant

Claire Brisset, ancienne défenseure des Droits de l'enfant, a donné une conférence le 20 novembre au lycée français d'Alicante sur le thème "Connaître et transmettre les droits de l'enfant".

La journée mondiale de l’enfance

Dans le cadre de sa politique en faveur de la promotion des droits des enfants, le réseau Mlf Espagne a organisé les 20 et 21 novembre, au Lycée français d’Alicante Pierre Deschamps, une réunion de sensibilisation des personnels à ces droits intitulée « Connaître et transmettre les droits de l’enfant ». C’est tout naturellement à Madame Claire Brisset, première défenseure des droits des enfants en France et fondatrice du concours C’est ton droit, qu’il a été fait appel. Diverses catégories de personnels étaient représentées : enseignant (du premier et du second degré), documentaliste, conseiller principal d’éducation, assistant d’éducation, infirmière… originaires de 7 établissements de la Mlf en Espagne, soit une vingtaine de participants. Cette diversité permet d’installer solidement, au sein des établissements, une culture des droits de l’enfant qui se manifeste au quotidien dans les pratiques de chacun. Afin de rendre explicite cet engagement des établissements, Madame Brisset a remis aux stagiaires un certificat attestant de la volonté de leur lycée de participer à la promotion et au respect des droits de l’enfant. Une deuxième session est prévue pour l’année prochaine, dans un autre établissement du réseau, afin de sensibiliser davantage de personnels à ces droits.

Claire Brisset et le Lycée français d’Alicante Pierre Deschamps : une longue histoire de coopération et d’amitié

Chaque année depuis 2013, Claire Brisset intervient auprès des élèves du Lycée français d’Alicante Pierre Deschamps dans le cadre de la Semaine de la citoyenneté organisée par celui-ci. A travers une série de rencontre de classes, elle a sensibilisé chaque année une centaine d’élèves – en priorité du primaire – à leurs droits et à ceux de leurs camarades du monde entier. En 2017, il est apparu que l’on obtiendrait un effet beaucoup plus grand si on parvenait à impliquer davantage d’adultes dans cette mission. C’est ainsi qu’est née l’idée d’une sensibilisation non plus des élèves d’un établissement mais des personnels de l’ensemble des établissements de la Mlf en Espagne à travers une réunion de deux journées animée par Claire Brisset. Ce sont à présent ces personnels qui sensibiliseront les élèves.
Par ailleurs, en juin 2017, Claire Brisset a accepté d’être la marraine de la promotion des Terminales qui quittaient l’établissement. Elle leur a tenu un discours très fort et émouvant sur leur responsabilité de jeunes adultes envers leurs cadets.

« L’enfant ne peut attendre, son nom est aujourd’hui »

Extraits du discours de Claire Brisset, 16 juin 2017

Ce que je vais vous dire tiendra en 3 parties. Je vais d’abord m’adresser à [… ]vous,  la promotion 2017, 

Les  droits de l’enfant [ … ] sont tous interdépendants : droit d’être nourri et soigné, droit d’aller à l’école, droit d’être protégée de la violence, droit d’être aimé, de jouer, de s’exprimer, de donner son avis. Vous en avez été bénéficiaires [ … ] Maintenant,  vous en êtes les ambassadeurs. Vous avez bénéficié ici d’un enseignement d’exception, tout le monde autour de vous s’en est préoccupé. Vos parents, vos enseignants, ont fait en sorte que vos viviez votre enfance dans les meilleures conditions. Maintenant, vous êtes responsables d’en assurer la continuité.[ … ]Ces droits doivent être défendus, c’est un combat, partout dans le monde. C’est un  combat qui a besoin de militants. Mon espoir,  en venant ici, c’est que vous mainteniez cette chaîne pour ceux qui n’ont pas eu la même chance que vous.

A vos parents, je dirai que [ … ] mettre au monde un enfant, le voir grandir, s’enrichir, c’est l’une des expériences les plus merveilleuses de notre vie sur la terre et elle nous est donnée, à nous les adultes [ … ] En les mettant au monde, nous nous engageons à respecter nos obligations à leur égard. Les droits de l’enfant créent des devoirs aux adultes.

A vos enseignants,  je voudrais parler de deux personnes, [ … ] Jean Jaurès et  Albert Camus. Jean Jaurès [ … ] Dans une « Lettre aux instituteurs » publiée en 1888 dans un  journal de Toulouse, il écrit que ce que les enseignants transmettent,  ils le font aussi bien par ce qu’ils SONT que par ce qu’ils FONT. Rien n’est plus vrai. Il écrit que les enfants, car il parlait des enfants et non pas seulement des élèves, « ont une curiosité illimitée » grâce à laquelle vous pouvez,  vous les enseignants, « les emmener au bout du monde » et il ajoute : » Leur âme recèle des trésors à fleur de terre. Il suffit de gratter un  peu pour les mettre à jour ».

[ … ] Albert Camus. Camus, né à Alger dans une famille très pauvre, [ … ]rencontra sur son chemin un instituteur, M. Germain : M. Germain avait remarqué les dons du jeune Albert,  lui avait donné des leçons particulières et l’avait soutenu pour qu’il obtienne une bourse, grâce à laquelle le jeune Camus put faire des études de philosophie. Quand Albert Camus reçut en 1957 le Prix Nobel de littérature,  c’est à M. Germain qu’il dédia son prix. [ … ] il lui écrivit ceci :  » Sans vous, sans votre enseignement et votre exemple, sans la main  affectueuse que vous avez tendue au petit garçon  pauvre que j’étais rien de tout cela  – le Prix Nobel – ne serait arrivé ». Et l’on connait moins la réponse de M : Germain. Une lettre toute simple dans laquelle il lui dit, je cite  de mémoire : ma femme et moi,  nous t’avons vu à la télévision et nous étions bien contents. Et il ajoute. Si tu savais la joie que j’avais le matin  en entrant dans la classe, la joie que j’avais de te retrouver. Et là,  je cite: « Ton  plaisir d’être en classe éclatait littéralement ». Et il conclut : « Le pédagogue qui veut faire consciencieusement son  métier ne néglige aucune occasion de connaitre ses élèves, ses enfants ». Lui aussi parlait indifféremment d’élèves et d’enfants, car ce sont bien les mêmes.

Pourquoi ai-je pensé à cela avant de venir ici ? Pour conclure sur une idée simple : tous les enfants que vous avez guidés jusqu’ici n’auront pas le Prix Nobel…- mais sait-on jamais ? Les enfants nous réservent bien des surprises. Mais tous ont le droit d’être respectés et soutenus dans toutes leurs potentialités, c’est précisément ce que nous demande la Convention  internationale sur les droits de l’enfant. Je terminerai en citant la grande poétesse chilienne, Gabriela Mistral, qui reçut elle aussi le Prix Nobel de littérature. Gabriela Mistral écrivait : « L’enfant ne peut attendre, son nom est aujourd’hui ».

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