Mission laïque française

Comment concevez-vous la paix au Liban ? Un lycée du réseau primé

Painica (Lycée Montaigne Beit Chebab)

Pour marquer la Journée Internationale de la Paix célébrée le 21 septembre dernier, un concours de productions artistiques et littéraires a été lancé dans toutes les écoles du Liban par La Troisième Voix pour le Liban, une association non-confessionnelle et apolitique, en partenariat avec le ministère libanais de l’Éducation nationale. Pour répondre au sujet du concours « Comment concevez-vous la Paix au Liban ? », les élèves de CM2 du Lycée Montaigne de Beit Chabab ont revisité le célèbre tableau de Pablo Picasso, Guernica. Ils l’ont détourné, transformé en "Painica", par collage-montage, peinture, avec gouache, feutres et crayons. Ils se sont vu remettre le prix d’excellence, avec, à la clé, une journée avec la FINUL qui sera organisée au printemps dans le Sud du Liban.

Toujours dans le cadre du même concours, les élèves de 6e ont aussi apporté leur contribution, en transformant des images de guerre en images de paix : quelques coups de crayons et les images deviennent celles que tous, nous aimerions voir dans notre pays. D’elles, émane un esprit dont on rêve : la tranquillité, la beauté, la sérénité, l’amour, la joie, la vie, la paix !
Lors de la remise des prix, deux élèves de la classe ont été distingués : Chloé et Dimitri.

Guernica

Guernica, de Picasso
Guernica est une des œuvres les plus célèbres du peintre espagnol et un des tableaux les plus connus au monde. Cette toile monumentale (752 x 351 cm) est une dénonciation engagée du bombardement de la ville de Guernica en 1937, lors de la guerre d’Espagne, par les fascistes allemands et espagnols.
Tous les personnages du tableau hurlent, pleurent. Ils sont horrifiés. Leurs visages sont tournés vers le ciel : position qui accentue l’expression intense de leur douleur et de leur détresse. La déformation des personnages accentue les expressions de peur et de douleur. Les mouvements et les regards vont dans tous les sens. Une mère en détresse pleure et hurle la mort de son enfant. C’est l’innocence assassinée. Les yeux du bébé sont vides, ses bras ballants. Derrière elle, se dresse un taureau qui pourrait représenter l’agresseur froid, la brutalité, la bestialité et la cruauté. En bas, le soldat mort git, démembré, décapité. Sa main est encore refermée sur une épée brisée. De cette main, sort une fleur, symbole d’espoir et de renaissance. Mais la fragilité de cet espoir est soulignée par la finesse d’un contour presque effacé. Au centre du tableau, le cheval qui représenterait le peuple, est transpercé, il se tord de douleur, il est mourant. A peine visible, entre le cheval et le taureau, l’oiseau pourrait être une colombe, symbole d’espoir et de paix. Trois femmes désarticulées pleurent ou hurlent : l’une d’entre elles semble sortir de la ville détruite, en brandissant une lampe à huile, aussi symbole d’espoir. La femme qui fuit, se traîne, un genou presque à terre. Tout son corps, mais surtout son visage et son cou sont entièrement tendus vers la lampe. Une femme fuit les flammes, elle a les bras tendus vers le ciel, comme si elle priait.
En arrière-plan, des formes géométriques évoquent des immeubles incendiés par les bombes, les flammes étant représentées par des triangles clairs. On a l’impression que l’espace est fermé, sans échappatoire. Tout en haut, une lampe électrique est encore un petit symbole d’espoir.
Dans Guernica, Picasso « s’autorise » la déformation du réel (une langue devient pointue, un œil prend la forme d’une larme), prend la liberté d’allonger un cou, d’agrandir une main ou un genou. Cela lui permet de renforcer ce qu’il veut montrer : la souffrance de corps malmenés par la guerre. Le chef d’œuvre est une peinture exécutée en noir et blanc, avec des nuances de gris. Ces couleurs évoquent la gravité du sujet. L’austérité et l’absence de couleur peuvent symboliser le deuil et la mort. De plus, le noir et blanc est un rappel du texte et des clichés de Guernica diffusés dans la presse à la suite des bombardements.

Painica

Painica, par les CM2 du Lycée Montaigne
Dans Painica, les personnages se sont relevés de la guerre. Ils sont en pleine forme, ni démembrés ni décapités. Ils sont tranquilles, heureux. Ils ne hurlent plus, ils ne pleurent plus, ils ont l’air serein. Plus de souffrance ni de détresse. Plus de chaos, ni de panique. La scène est paisible. La mère allaite tendrement son bébé. Certains jouent des instruments de musique, d’autres dansent, se relaxent, s’aiment, se parlent, se promènent. Toutes les armes ont disparu, les images d’agressivité aussi : le taureau est devenu mouton, animal doux, gentil et innocent. Les symboles de renaissance et d’espoir sont mis en valeur, on les voit bien, on les voit partout : des fleurs ici et là, des colombes, un soleil radieux dans un beau ciel bleu. Tout se passe à l’extérieur dans un grand jardin comme si on était au paradis. Le décor n’est plus sombre au contraire, il est éclatant de couleurs vives et belles. Le cheval, représentant le peuple, est heureux et libre, il l’est tellement qu’il pourrait s’envoler. L’esprit du vivre-ensemble, du dialogue, du partage, d’harmonie, de paix est là.
Pour mieux répondre à la question « Comment concevez-vous la Paix au Liban ? », la toile voit apparaître de nombreuses références au pays (cèdres à l’horizon, instruments de musique libanais : le oud, le riqq, le kamanjeh, le nay, le darbouka).
Après toutes ces années de guerre et d’instabilité au Liban, c’est ce dont nous avons besoin dans notre pays : La Paix.

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